L'analyse stratégique (Crozier et Friedberg)

L'analyse stratégique

- Postulats de base

M. Crozier et E. Friedberg ont été parmi les premiers à appréhender l'organisation en tant qu'entité obéissant à ses propres règles de fonctionnement. Elle constitue un construit social et non une simple réponse aux exigences externes.


L'analyse des phénomènes de pouvoir constitue l'axe central de l'approche stratégique . Cet aspect fût négligé par la plupart des théories antérieures.

L'analyse stratégique s'appuie sur les postulats énoncés ci-dessous :

- aucun individu n'accepte d'être traité totalement et uniquement comme un moyen pour l'accomplissement des buts de l'organisation. (Friedberg. E, (1972) "L'analyse sociologique des organisations". Revue POUR N°28,)

L'individu a toujours ses objectifs et ses projets qu'il tente de réaliser malgré les contraintes organisationnelles.

- L'autonomie relative des acteurs

Pour réaliser ses objectifs, l'organisation a besoin de la participation de ses membres. Leur adhésion nécessite que soit effectué un marchandage qui confère aux individus un certain pouvoir sur l'organisation. La stratégie d'un membre de l'entreprise consiste à garder son comportement aussi imprévisible que possible, l'entreprise ne pouvant tout reglementer. Le pouvoir d'un individu ou d'un groupe sera fonction de l'autonomie de la zone d'incertitude contrôlée (zone non réglementée par les procédures officielles).


- Les stratégies des acteurs sont rationnelles mais d'une rationalité limitée.

Pour atteindre ses objectifs, l'acteur cherche la solution la moins désavantageuse pour lui. Dans cette optique, il est permis de parler de stratégie rationnelle mais limitée par les contraintes qui s'imposent à lui (cf March et Simon).

En effet, il opère toujours un choix parmi les solutions possibles et doit tenir compte des stratégies des autres acteurs. Ce postulat s'oppose à l'idée Taylorienne du "one best way" (la meilleure solution).

-La connaissance et l'analyse de l'organisation réelle ne doit pas se limiter à la seule structure formelle (organigramme, procédures). Il existe en effet un système d'action concret qui est un réseau de relations servant à résoudre les problèmes quotidiens du travail. Ces relations sont bien entendu non définies par les règles formelles (Cf le cas du monopole industriel).